Les Canadiens appuient le premier budget de Mark Carney, selon un sondage Léger

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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — Le premier ministre Mark Carney a obtenu un large appui, transcendant les clivages partisans et provinciaux, pour plusieurs mesures importantes de son premier budget fédéral, selon de nouveaux sondages.
Cependant, un sondeur avertit que M. Carney risque de raviver d'anciennes tensions régionales s'il ne présente pas rapidement des progrès sur les dossiers essentiels des infrastructures et du logement.
Un sondage Léger réalisé cette semaine a révélé un large appui parmi les répondants à plusieurs propositions phares du budget déposé le 4 novembre.
Ce budget prévoit un déficit de 78,3 milliards $ pour l'exercice financier en cours et propose des milliards de dollars de nouvelles dépenses nettes visant à réduire la dépendance de l'économie canadienne envers les États-Unis.
Environ 76 % des personnes sondées étaient favorables au fonds d'infrastructures locales de 51 milliards $ sur 10 ans proposé par les libéraux. La réduction des objectifs d'immigration a recueilli 74 % d'approbation, tandis que 60 % des répondants ont appuyé les plans visant à investir des milliards de dollars dans la modernisation des Forces armées canadiennes.
Une majorité de répondants (55 %) étaient également favorables à une réduction de la fonction publique, tandis que 37 % appuyaient la décision d'augmenter le financement de Radio-Canada de 150 millions $.
Le sondage a été mené auprès de 1565 adultes canadiens entre le 7 et le 9 novembre. L'organisme professionnel du secteur des sondages, le Conseil de recherche et d'intelligence marketing canadien, indique qu'il est impossible de calculer une marge d'erreur pour les sondages en ligne, car ils ne reposent pas sur un échantillonnage aléatoire de la population.
Malgré un fort appui à certains postes budgétaires, seuls 30 % des répondants se sont déclarés favorables au budget dans son ensemble.
Andrew Enns, vice-président exécutif de Léger pour le Centre du Canada, a déclaré que le budget semblait insuffisant en matière de soutien à l'abordabilité pour les ménages canadiens.
Il a toutefois souligné que plusieurs des principales mesures budgétaires avaient reçu un appui important à travers le pays.
Le sondage Léger a révélé que les répondants de la plupart des provinces ont exprimé un fort appui au financement des infrastructures locales. Le sondage révèle que 77 % des répondants de l'Ontario et 80 % de ceux du Canada atlantique appuient le plan budgétaire visant à réduire les cibles d'immigration, surpassant ainsi l'appui observé dans les autres régions du pays.
L'Alberta, notamment, affiche un taux d'approbation égal ou supérieur à la moyenne nationale concernant les plans budgétaires relatifs aux infrastructures et à l'immigration. Selon M. Enns, cela marque une rupture avec les budgets libéraux précédents.
Un sondage Léger mené après le dépôt du budget 2024 en avril de l'année dernière – le dernier budget présenté sous l'ancien premier ministre Justin Trudeau – a démontré que près des deux tiers des répondants albertains estimaient que le pays prenait une mauvaise direction, tandis que 56 % de la population en général partageaient cet avis.
«Surtout pour certains des derniers budgets de M. Trudeau, par exemple, les résidents de l'Alberta, peu importait le contenu du budget: ils n'allaient tout simplement pas l'appuyer», a expliqué M. Enns.
Le budget fédéral sera soumis au vote à la Chambre des communes la semaine prochaine. C'est un test crucial pour le gouvernement libéral minoritaire, qui a déjà survécu aux votes sur deux amendements budgétaires la semaine dernière.
Plusieurs éléments du plan de dépenses proposé semblent bénéficier d'un appui transpartisan.
Si les sympathisants libéraux ont massivement approuvé la majeure partie du budget, un sondage Léger a révélé que 85 % des électeurs à tendance conservatrice étaient favorables à un durcissement de l'immigration – le taux d'approbation le plus élevé jamais enregistré pour cette mesure parmi tous les groupes d'électeurs.
Les électeurs susceptibles de voter pour le NPD étaient les plus fervents partisans des dépenses d'infrastructure locale, avec un taux d'approbation de 90 %.
Environ 42 % des répondants se sont dits favorables à ce que les libéraux privilégient la croissance économique à long terme et la construction du pays plutôt que des mesures de soutien à court terme pour améliorer l'accessibilité financière. La moitié de ces répondants se sont déclarés opposés à cette approche.
L'exécution sera-t-elle au rendez-vous?
M. Enns a affirmé que les libéraux bénéficiaient toujours d'une «bonne volonté» dans des régions majoritairement conservatrices du pays, comme l'Alberta, grâce à leur recentrage sur les grands projets et à leur priorité accordée à la croissance économique.
Il a toutefois averti que cette confiance nouvellement acquise pourrait être fragile. Le gouvernement devra commencer à concrétiser ses initiatives de développement national et de construction de logements, a indiqué M. Enns. Bien qu'il ne soit pas tenu de mener à bien ces projets coûteux et chronophages immédiatement, a-t-il précisé, il devrait s'efforcer de convaincre les Canadiens qu'il joint le geste à la parole.
«Je veux dire, concernant les grands projets, peut-on présenter des progrès sur certains d'entre eux d'ici un an?», a demandé M. Enns.
Les libéraux ont créé deux nouvelles agences – le Bureau des grands projets et Maison Canada – afin de concrétiser les ambitions élevées d'Ottawa en matière de construction de logements et d'infrastructures.
Il y a deux mois, les libéraux ont dévoilé une première série de cinq grands projets qui pourraient être accélérés par le nouveau bureau. M. Carney doit dévoiler la prochaine série de projets en Colombie-Britannique jeudi.
La semaine dernière, lors d'une allocution au Club canadien de Toronto, M. Carney a apporté son soutien le plus ferme à ce jour à l'idée d'un nouveau projet d'oléoduc en Alberta. Il a affirmé que son gouvernement maîtrisait parfaitement le dossier des oléoducs et a rassuré les gens d'affaires présents: «Ça va se faire.»
«Eh bien, il va se passer quelque chose, disons-le comme ça», a-t-il ajouté, plaisantant sur le fait de compromettre sa propre position de négociation.
— avec la collaboration de Kyle Duggan
Craig Lord, La Presse Canadienne