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Les aînés sont plus maltraités qu’avant, selon des organismes communautaires

durée 14h46
15 juin 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — En cette Journée mondiale de la maltraitance des personnes aînées, un regroupement d’organismes souhaite rappeler l’importance de la sensibilisation et le rôle central que jouent ses membres dans l’accompagnement auprès des personnes vivant des situations de maltraitance.

L’an dernier au Québec, 16 % des personnes âgées habitant à domicile ont rapporté avoir été victimes de maltraitance, selon la Coalition DIRA-SAVA, qui réunit cinq organismes communautaires: DIRA-Estrie, DIRA-Laval, le Centre Action Générations des Aînés de la Vallée-de-la-Lièvre (Intervention SAVA Outaouais), le Carrefour Montrose (Intervention SAVA) à Montréal et le Carrefour Bienveillance 50+ (Intervention SAVA) à Vaudreuil-Soulanges.

Au cours des 12 derniers mois, la Coalition est intervenue auprès de 4234 aînés, soit une augmentation de plus de 22 %.

Le porte-parole de ce regroupement, Serge Tremblay, tient toutefois à mettre cette hausse en perspective.

«On fait attention un peu avec la statistique. Est-ce que c’est en augmentation ou est-ce que c’est parce qu’on en parle plus? Ce qu’on entend le plus parler sur le terrain, c’est sur le plan institutionnel. Ça, il y a vraiment une augmentation du nombre de nouveaux cas», révèle-t-il, ajoutant qu’«avec l’obligation de dénoncer, le personnel institutionnel se sent aussi plus protégé».

«Dans les dernières années, c’est sûr qu’il y a eu plus d'appels, mais c'est difficile de dire s'il y a une augmentation alors que les services étaient inexistants dans plusieurs régions, enchaîne-t-il. Quand on parle aux gens, ce n’était pas souvent de nouvelles situations de maltraitance, c’étaient déjà des situations qui duraient depuis quelques années, particulièrement des cas de violence psychologique ou de fraude financière.»

D’ailleurs, les études le démontrent: plus il y a de ressources, plus les gens ont tendance à les utiliser, souligne M. Tremblay. «Lorsqu’il y a des services de sensibilisation ou de prévention, on remarque une hausse dans les demandes d’informations par des membres de la famille ou des personnes aînées directement.»

Mais encore faut-il que les victimes soient conscientes du problème. M. Tremblay considère que le principal défi des organismes est «de faire reconnaître à la personne aînée qu’elle est dans une situation de maltraitance ou d’abus».

«Beaucoup de gens vont dire: "Non, ça ne se peut pas, c’est ma fille", ou "Je ne veux pas que mon gars aille en prison, je veux juste que la situation arrête". Juste d'amener la personne à reconnaître la situation, c'est tout un défi pour ces cinq organismes», affirme-t-il.

Il existe sept différents types de maltraitance des aînés pour lesquels les organismes de la Coalition peuvent intervenir: psychologique, physique, sexuelle, matérielle et financière, organisationnelle, âgisme et violation des droits.

Les conséquences peuvent être dévastatrices: isolement, perte de sommeil, anxiété, déclin rapide des capacités cognitives et bien d’autres problèmes.

Un mythe persistant

Statistiquement, les femmes sont surreprésentées, alors qu’elles constituent 71 % des cas rapportés. Selon le porte-parole de la Coalition DIRA-SAVA, le portrait serait certainement différent si les hommes s’ouvraient davantage et admettaient qu’ils n’ont plus le contrôle de la situation.

«Il y a encore le mythe du monsieur qui est censé être capable de s'occuper de ses affaires, de régler ses choses lui-même. C’est encore du déni. Il y a encore cette perception-là», soutient M. Tremblay.

Dans l’espoir de faire avancer les choses, la Coalition développe actuellement une recherche participative, en collaboration avec le Centre de recherche et d’expertise en gérontologie sociale, afin de parfaire les pratiques et documenter davantage la problématique de la maltraitance envers les personnes aînées. Les recherches scientifiques portant sur l’intervention communautaire en contexte de maltraitance sont actuellement quasi absentes.

Basée sur les fondements du Plan d’action 2022-2027 du gouvernement du Québec en matière de lutte contre la maltraitance envers les personnes aînées, cette recherche offrira un cadre de référence et d’éthique en matière de pratiques d’intervention du secteur communautaire pour offrir le meilleur accompagnement possible aux personnes âgées du Québec.

Sébastien Auger, La Presse Canadienne