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Le confinement lié à la pandémie a modifié le comportement de certains oiseaux

durée 12h33
21 septembre 2022
La Presse Canadienne, 2022
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2022

MONTRÉAL — Le confinement rendu nécessaire par la pandémie de COVID-19 a influencé la manière dont certains oiseaux utilisent leur environnement, ont constaté des chercheurs canadiens.

Il est toutefois trop tôt pour dire si ces changements ont eu un impact néfaste sur certaines espèces, ou encore si la situation reviendra à ce qu'elle était avant la crise sanitaire, a précisé la chercheuse Miya Warrington, une écologiste de l'Université du Manitoba à Winnipeg qui s'intéresse plus particulièrement à la manière dont les animaux adaptent leur comportement à des changements rapides à leur environnement.

Ce projet de recherche a vu le jour quand Mme Warrington a constaté que les seuls endroits qu'il était encore possible de fréquenter pendant le confinement, comme certains parcs, étaient maintenant pris d'assaut par des foules qui ne s'y seraient autrement pas trouvées.

«Il y avait des déchets partout, a dit Mme Warrington, que La Presse Canadienne a rejointe au Royaume-Uni, où elle réside, et dont l'adresse courriel inclut 'canadianbirdlady'. Et je me suis 'uh oh, ça ne peut pas être bon pour les animaux'.»

C'est aussi à ce moment qu'ont commencé à circuler dans les médias des informations et des photos d'animaux qui se réappropriaient des lieux désertés par les humains.

Mme Warrington et ses collègues ont combiné des données de mobilité fournies par Google et près de 900 000 observations d'oiseaux partagées en ligne pour étudier l'impact de la pandémie, et surtout du confinement, sur la manière dont les oiseaux exploitaient leur environnement.

Ils ont ainsi constaté que certains oiseaux ne profitaient pas de mangeoires constamment remplies parce que la présence des humains les dérangeait et qu'ils préfèrent se nourrir loin des yeux indiscrets.

Dans les parcs, en revanche, des oiseaux comme les mouettes et les corneilles étaient plus qu'heureux de se régaler des rebuts des visiteurs.

Sur les autoroutes, la diminution de la circulation a entraîné une réduction du nombre de collisions avec les animaux, et les oiseaux qui se nourrissent habituellement de ces carcasses ont dû trouver leur nourriture ailleurs.

«Les oiseaux se déplacent et trouvent la ressource dont ils ont besoin ailleurs, a dit Mme Warrington. Mais il y a peut-être d'autres espèces qui ne sont pas aussi flexibles ou qui ne peuvent pas se déplacer.»

Fait intrigant, certaines espèces d'oiseaux ont réagi différemment au confinement, selon que les populations se trouvaient de ce côté-ci de l'Atlantique ou de l'autre. La chercheuse cite en exemple le moineau domestique, une espèce envahissante en Amérique du Nord qui est en revanche en déclin au Royaume-Uni.

«Plus il y avait de mouvement (humain), plus l'impact sur le moineau était grand au Royaume-Uni, a-t-elle dit. Mais nous n'avons vu aucun impact en Amérique du Nord. (...) Ça me dit que différentes populations, sous différentes conditions, se sont adaptées aux humains différemment.»

Pourtant, poursuit-elle, on aurait pu penser que le moineau serait plus habitué à être dérangé par les humains au Royaume-Uni, où les espaces naturels à sa disposition sont beaucoup plus rares et clairsemés qu'en Amérique du Nord.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal scientifique Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne