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L'ex-ministre Steven Guilbeault poursuit sa croisade contre l'accord avec l'Alberta

durée 06h55
9 décembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Le député libéral Steven Guilbeault, qui a claqué la porte du cabinet de Mark Carney, n'a pas fini de dénoncer l'entente conclue entre le gouvernement fédéral et l'Alberta concernant un projet de pipeline.

M. Guilbeault, qui multiplie les sorties publiques sur ce sujet, publie mardi une lettre ouverte dans laquelle il affirme que le protocole d'entente signé par Ottawa «ressemble davantage à une vente au rabais plutôt (qu’à) un grand compromis».

Selon M. Guilbeault, «les Canadiens ne semblent rien recevoir en échange de tout ce qui est sacrifié» sur le plan environnemental dans le cadre de cet accord.

«Le protocole d’entente Canada-Alberta abandonne plusieurs mesures clés, durement acquises, qui ont été rigoureusement modélisées, consultées, négociées et mises en œuvre, ou proposées, au cours de la dernière décennie», déplore le député de Laurier—Sainte-Marie.

De l'avis de M. Guilbeault, les garanties obtenues en retour par le gouvernement fédéral sont insuffisantes ou, du moins, devront être renforcées en vue de la conclusion d'un accord final.

M. Guilbeault dit garder un «mince espoir» que cette entente puisse marquer «un moment marquant de leadership» pour le premier ministre Carney et la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith.

Il martèle toutefois que M. Carney devra s'assurer que l'Alberta soit forcée de faire de réels progrès en matière d'environnement, «parce que le risque d’un échec total est immense».

«L’intégrité environnementale, et non un accord politique éphémère, sera la véritable mesure du coût de cette entente», écrit-il.

Plusieurs exemptions

Le protocole d'entente signé par M. Carney et Mme Smith ouvre la porte à des changements concernant l'interdiction de la circulation de navires pétroliers sur la côte Pacifique.

Il prévoit aussi une exemption de l'Alberta au plafond fédéral des émissions de gaz à effet de serre pour les secteurs pétrolier et gazier.

L'accord stipule également que la province n'aura pas à respecter le Règlement sur l’électricité propre, visant à accroître la vente de véhicules électriques.

En retour, l’Alberta a accepté d’augmenter sa tarification de la pollution pour l’industrie à 130 $ la tonne. Selon M. Guilbeault, Ottawa doit veiller à la mise en place de cette mesure et l'arrimer aux autres augmentations déjà annoncées par le fédéral.

Le député appelle aussi l’Alberta à renverser ses règlements «discriminatoires» sur l’utilisation du territoire pour les énergies renouvelables, et à présenter un plan pour atteindre sa cible de carboneutralité pour 2050.

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Steven Guilbeault note que le gouvernement fédéral a déjà tenté l'expérience du «grand compromis», en 2018, lorsqu'il a acheté l’oléoduc Trans Mountain.

«Le Canada achèterait un pipeline, l’Alberta lutterait contre les changements climatiques. Hélas, une succession de gouvernements conservateurs albertains ont éliminé un à un les éléments de leur plan de lutte», souligne-t-il.

M. Guilbeault ne cache pas que les reculs en environnement annoncés depuis les dernières élections rendent «maintenant impossible de voir comment le Canada pourra atteindre ces cibles, ou même parvenir à la carboneutralité en 2050».

«Oui, l’ordre politique et économique mondial a été bouleversé, mais le climat, lui, ne nous attendra pas», conclut-il.

La lettre de M. Guilbeault a été publiée en français dans «La Presse» et en anglais dans le «Toronto Star».

Au moment où il a quitté le cabinet Carney, M. Guilbeault était ministre de l'Identité et de la Culture canadiennes et ministre responsable des Langues officielles. Il a été ministre de l'Environnement et du Changement climatique pendant le dernier mandat de Justin Trudeau.

Bien qu'il ne fasse plus partie du conseil des ministres, M. Guilbeault siège toujours sur les banquettes libérales à la Chambre des communes.

— Avec des informations d'Émilie Bergeron

Mathieu Paquette, La Presse Canadienne