Hockey junior: le procès dévoile les entretiens de 2 accusés avec à la police en 2018

Le procès pour agression sexuelle de cinq anciens membres de l'équipe canadienne de hockey junior dévoile les entretiens de deux des accusés avec la police des mois après leur rencontre avec la plaignante.

Alex Formenton et Dillon Dube se sont entretenus avec l'inspecteur Steve Newton, enquêteur principal de l'affaire à l'époque, respectivement en novembre et décembre 2018. L'entretien avec Formenton en personne a été filmé, tandis que celui de Dube a été enregistré au téléphone.

Lors de son entretien, Formenton a déclaré s'être «volontairement» proposé d'avoir des relations sexuelles avec la plaignante après qu'elle lui ait demandé, ainsi qu'à ses coéquipiers, si quelqu'un accepterait de «faire quelque chose» avec elle.

Il a ajouté que plusieurs des hommes présents dans la chambre d'hôtel de London, en Ontario, «n'étaient pas à l'aise» de se mettre nus et d'avoir des relations sexuelles devant le groupe, et que plusieurs d'entre eux avaient une petite amie à ce moment-là.

Formenton a dit avoir trouvé «très gênant et étrange» de le faire devant les autres. Il a donc suivi la femme dans la salle de bain et ils ont eu des rapports sexuels.

Formenton, Dube, Michael McLeod, Carter Hart et Callan Foote ont plaidé non coupables d'agression sexuelle. McLeod a également plaidé non coupable d'une accusation supplémentaire de complicité d'agression sexuelle.

Les accusations découlent d'une rencontre survenue dans une chambre d'hôtel aux premières heures du 19 juin 2018.

Les procureurs allèguent que McLeod, Hart et Dube ont obtenu une fellation de la femme sans son consentement, et que Dube lui a giflé les fesses alors qu'elle était en train d'avoir des rapports sexuels avec une autre personne.

Foote est accusé d'avoir fait le grand écart sur le visage de la femme et d'y avoir frotté ses parties génitales sans son consentement. Formenton aurait eu des rapports vaginaux avec la plaignante dans la salle de bain sans son consentement.

«Il y a une fille dans la chambre qui veut faire un plan à trois»

De nombreux membres de l'équipe nationale de hockey junior du Mondial 2018 étaient en ville pendant quelques jours en juin de cette année-là pour une série d'événements célébrant leur victoire au championnat. Plusieurs joueurs se sont ensuite rendus au bar Jack's, où la plaignante buvait avec des collègues, a appris le tribunal.

La femme, dont l'identité est confidentielle en raison d'une ordonnance de non-publication, est partie avec McLeod pour rejoindre sa chambre d'hôtel, où ils ont eu des relations sexuelles. La première rencontre avec McLeod n'est pas évoquée dans le procès, qui se concentre plutôt sur ce qui s'est passé après l'entrée de plusieurs autres hommes dans la pièce.

La femme a témoigné qu'elle était nue, ivre et effrayée lorsque des inconnus ont soudainement commencé à entrer dans la pièce. Elle a agi en «pilote automatique» comme mécanisme d'adaptation lorsqu'elle s'est livrée à des actes sexuels, a-t-elle témoigné.

La défense suggère qu'elle était à l'origine de l'activité sexuelle et qu'elle provoquait parfois les joueurs pour qu'ils aient des relations sexuelles avec elle.

Alex Formenton a expliqué à l'inspecteur Newton qu'il n'était pas allé au bar Jack's parce qu'il était trop jeune pour y entrer. Il buvait au restaurant Joe Kool's lorsqu'il a reçu un texto de McLeod, dont il partageait la chambre à l'hôtel, vers 2 heures du matin, lui disant: «Il y a une fille dans la chambre qui veut faire un plan à trois.»

Formenton a dit avoir répondu qu'il revenait à l'hôtel et McLeod a dit qu'ils allaient chercher à manger et que la femme «allait probablement rester un moment.»

Durant son entretien, Dillon Dube a dit avoir reçu un texto qu'il pensait provenir d'un autre coéquipier, Jake Bean, concernant une commande de pizzas, mais il n'y avait aucune mention de la présence d'une fille dans la chambre. Il a ajouté qu'il n'avait plus consulté son téléphone par la suite.

Le tribunal a vu un texto que McLeod avait envoyé à un groupe de discussion de l'équipe peu après 2 heures du matin ce soir-là, demandant si quelqu'un souhaitait faire un plan à trois et indiquant son numéro de chambre. Carter Hart a répondu: «Je suis partant.»

Le policier alors responsable de l'enquête, Steve Newton, a assuré au tribunal mercredi qu'il n'avait jamais eu connaissance de ce message texte au cours de son enquête.

Mardi, le tribunal a visionné une vidéo de l'entrevue de McLeod avec M. Newton, qui a eu lieu une semaine avant celle de Formenton.

Il n'a mentionné aucun des deux messages, même lorsqu'on lui a demandé s'il avait envoyé des messages susceptibles d'attirer plus de joueurs.

«Je ne sais pas porquoi des gars ont continué d'arriver, a assuré McLeod. Je leur ai juste dit que j'allais chercher à manger et qu'il y avait une fille là-bas, c'est tout ce que j'ai dit à quelques gars», a-t-il affirmé.

Paola Loriggio, La Presse Canadienne