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Bilan annuel de Pêches et Océans Canada

Des records de chaleur battus dans le golfe du Saint-Laurent en 2021

durée 09h00
19 janvier 2022
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Par La Presse Canadienne

La tendance générale est au réchauffement dans le golfe du Saint−Laurent et 2021 a été une année où plusieurs records de chaleur ont été battus, selon le bilan annuel des conditions océanographiques réalisé par l’équipe de Peter Galbraith, chercheur à Pêches et Océans Canada. 

Selon le chercheur en océanographie physique, «on se dirige lentement vers des hivers où l’absence de glace sera la norme» sur le Saint−Laurent. 

«C’est vraiment une année marteau, une année massue sur le golfe parce qu’en même temps, la couche intermédiaire froide et les eaux profondes battent des records de chaleur», a indiqué Peter Galbraith lors d’une conférence présentée mardi matin. 

Les eaux du golfe se divisent en trois couches: les eaux de surface, la couche intermédiaire froide et les eaux profondes. Dans les eaux profondes du golfe, à 150, 200, 250 et 300 mètres de profondeur, de nouveaux records de chaleur ont été atteints, sur l’ensemble du golfe du Saint−Laurent. 

Par exemple, les données que l’équipe de Peter Galbraith a recueillies montrent que la température moyenne à 300 mètres de profondeur était de 6,9 degrés en 2021, ce qui est du jamais vu, alors que la moyenne sur 30 ans est de 5,7 degrés. 

Si l’eau de surface est influencée par le réchauffement de la température de l’air au−dessus du golfe, les courants océaniques expliquent l’augmentation de la température des eaux profondes. 

«Les eaux profondes du golfe du Saint−Laurent sont un mélange des eaux du Gulf Stream et des eaux froides des courants du Labrador et ce mélange est de plus en plus riche en eau du Gulf Stream», a indiqué le chercheur en soulignant que celles−ci sont plus chaudes, plus salées, mais aussi moins riches en oxygène. 

«On est rendu à 10 % de saturation dans les eaux profondes. Donc, ça commence à être dangereux, il ne faudrait pas que ça atteigne des conditions anoxiques», c’est−à−dire des zones complètement vides d’oxygène. 

«On s’en va vers ça tranquillement, mais il ne faut pas s’y rendre», a ajouté le chercheur. 

L’hiver sans glace deviendrait la norme 

En 2021, la glace sur le golfe est apparue seulement qu’à la troisième semaine du mois de janvier, et «il y a des endroits où il n’y a jamais eu de glace de l’année sur le golfe Saint−Laurent, sur de très grandes étendues», a mentionné Peter Galbraith. 

Ce n’est arrivé que cinq fois qu’il ne se forme aucune, ou très peu de glace, sur le golfe Saint−Laurent, soit en 1958, en 1969, en 2010, en 2011 et maintenant en 2021, a expliqué le chercheur en précisant qu’avant 1958, «on sait que les hivers étaient suffisamment froids pour qu’il y ait toujours de la glace», même si aucune donnée scientifique n’était compilée. 

L’absence de glace en hiver signifie qu’il y aura davantage d’érosion, «un enjeu majeur» selon Peter Galbraith. 

L’érosion des rives du Saint−Laurent entraîne déjà des pertes de bandes riveraines, de terres humides, de terrains privés et menace des infrastructures routières, mais aussi des habitats fauniques. 

«On peut penser au phoque du Groenland qui sort sur la glace pour la mise bas», a mentionné M. Galbraith. 

Parmi les victimes de la hausse des températures des eaux, on peut également nommer la crevette nordique qui est présente partout dans l’estuaire du Saint−Laurent et dans le nord du golfe, à des profondeurs variant entre 150 et 300 mètres, dans «la couche intermédiaire froide» du Saint−Laurent. Le réchauffement de l’eau menace son habitat. 

Selon Ouranos, un consortium de chercheurs en climatologie, la température et la baisse de concentration en oxygène dans l’habitat marin de la crevette nordique «pourraient affecter la viabilité, la rentabilité et la pérennité de cette pêcherie», qui représente des centaines de millions de dollars en exportations. 

Le crabe des neiges, qui est beaucoup plus sensible aux changements de température de l’eau que le homard, pourrait également payer le prix du réchauffement du golfe à court terme.

«Le crabe des neiges fait partie des espèces qui ne peuvent pas vraiment se déplacer» dans un autre environnement et «il est très affecté par ce qui se passe présentement avec la couche intermédiaire froide, c’est son habitat», a indiqué Peter Galbraith. 

D’autres espèces, comme le sébaste, semblent toutefois s’accommoder du réchauffement des eaux profondes. La population de ce poisson est d’ailleurs en forte croissance dans le Saint−Laurent. 

«Ce qui est bon pour une espèce n’est pas nécessairement bon pour une autre. Les températures profondes chaudes sont très bonnes pour le sébaste, mais moins bonnes pour la crevette nordique», a indiqué M. Galbraith en précisant toutefois «qu’un climat sain est un climat qui ne varie pas trop», alors que présentement, le climat constaté dans le Saint−Laurent, «c’est du jamais vu».

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

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